Reprise de prothèse de genou
Reprise de prothèse de genou
Définition
Il existe trois types de prothèses du genou : prothèse totale de genou, prothèse unicompartimentale, et prothèse de rotule (fémoro-patellaire). Ces prothèses sont composées de pièces mécaniques : un carter fixé sur le fémur, un plateau fixé sur le tibia et un médaillon sur la rotule, recréant l’anatomie normale.
Avec le temps et l’utilisation de la prothèse, ces différentes pièces peuvent s’user et perdre leur ancrage dans l’os (le descellement). Les prothèses actuelles ont une durée de vie de 20 ans mais un modèle plus ancien peut s’user plus vite.
Ces phénomènes d’usure ou de descellement peuvent concerner le carter fémoral, le plateau tibial, le médaillon rotulien, voire les trois pièces. Cela entraine l’apparition de douleurs, de craquements, une boiterie, voire des sensations d’instabilité de la prothèse. Un changement des pièces usées ou descellées est alors à envisager, on appelle cela une reprise de prothèse de genou.
L’infection (récente ou ancienne) est également une cause de changement de prothèse de genou.
Quand opérer ? Pourquoi opérer ?
L’évolution naturelle d’une usure ou d’un descellement de prothèse se fait vers la dégradation. Différents traitements sont mis en place pour soulager la douleur : mesures hygiéno-diététiques, médicaments antalgiques, anti-inflammatoires et rééducation. Mais lorsque l’usure ou le descellement sont trop avancés, ces traitements deviennent insuffisants et un changement de prothèse de genou est envisagé. Le but de l’opération est de supprimer la douleur et de récupérer la mobilité du genou pour une reprise normale des activités quotidiennes.
Opération
L’opération consiste à extraire la ou les pièces usées, descellées ou mal positionnées de l’ancienne prothèse, pour les remplacer. Le carter fémoral, le plateau tibial ou le médaillon rotulien peuvent être changés, et les débris d’usure de l’ancienne prothèse sont retirés.
La voie d’abord chirurgicale est la même que celle utilisée pour poser l’ancienne prothèse, ce qui n’induit pas de nouvelle cicatrice.
Parfois l’usure de l’ancienne prothèse induit une fragilité et des dégâts osseux au niveau du fémur, du tibia ou de la rotule. Ces dégâts osseux nécessitent alors l’utilisation de renforts métalliques voire de greffe osseuse pour être consolidés. La greffe est prélevée alors soit directement sur le patient, soit elle provient d’un donneur.
L’extraction de l’ancienne prothèse nécessite parfois une ostéotomie du fémur ou du tibia, cela consiste à ouvrir une partie de l’os pour extraire l’ancien implant. Dans ce cas l’os doit ensuite être consolidé par des cerclages métalliques.
Si le changement de prothèse est lié à une infection, l’ensemble des implants doivent être changés et un traitement antibiotique de plusieurs semaines sera nécessaire.
La durée de l’intervention est très variable selon le type de changement à effectuer et les dégâts osseux. Elle peut durer de 1 à 3 heures. Elle a lieu sous anesthésie générale ou rachi-anesthésie (où simplement les jambes sont anesthésiées). Vous déciderez du type d’anesthésie en concertation avec l’anesthésiste lors de la consultation.
La durée d’hospitalisation est de 2 à 7 jours.
Soins et rééducation après chirurgie
Après l’opération, le changement du pansement est nécessaire tous les deux jours pendant environ 3 semaines. Le traitement de la douleur est mis en place et surveillé de manière rapprochée pour obtenir le maximum de confort et une rééducation rapide. Un traitement anticoagulant est nécessaire pendant 4 semaines pour fluidifier le sang et prévenir le risque de phlébite.
Dans la majorité des cas la prothèse est fonctionnelle et permet de marcher dès le jour de l’opération. Nous utilisons des protocoles de récupération accélérée après chirurgie (RAAC), vous serez accompagnés par un kiné pour marcher et débuter la rééducation le jour même de l’opération. La mobilisation précoce associée à la kinésithérapie, est un facteur-clé d'une évolution favorable car elle maintient et améliore la fonction musculaire et la mobilité des articulations.
Aucun geste ou mouvement particulier ne sont interdits. Des cannes peuvent vous être utiles au début mais sont le plus souvent abandonnées après quelques semaines.
Le retour à domicile s’effectue quelques jours après l’opération, parfois un centre de rééducation s’avère nécessaire quelques semaines afin de retrouver de l’autonomie pour un retour à domicile. Après quelques jours d’hospitalisation, votre chirurgien autorisera votre sortie avec les ordonnances de soins nécessaires (pansements, antalgiques, anticoagulants, kinésithérapie). La rééducation doit être poursuivie soit à domicile avec un kinésithérapeute soit en centre de rééducation. La reprise précoce de vos activités constitue la meilleure rééducation.
La conduite automobile est envisageable environ 6 semaines après l’opération. L’arrêt de travail est également d’environ 2 mois, cela dépend évidemment de votre profession, les activités de bureau pouvant être reprises plus rapidement. Les activités sportives reprennent progressivement après le 2e mois. Ces durées sont des moyennes, elles dépendent de chacun, et sont données à titre indicatif.
A noter que dans certains cas complexes une reconstruction par renforts métalliques et greffe osseuse peut être nécessaire. L’extraction de l’ancienne prothèse peut également nécessiter une ostéotomie du fémur ou du tibia, (on ouvre une partie de l’os pour extraire l’ancien implant). Dans ces cas de figure l’appui ne peut pas être repris immédiatement. Il faut attendre 6 semaines le temps de la consolidation osseuse. La marche est tout de même possible mais avec deux cannes béquilles pour ne pas appuyer sur la prothèse. Le temps rééducation postopératoire est donc plus long.
D’autres part, si le changement de prothèse est lié à une infection, un traitement antibiotique de plusieurs semaines sera nécessaire après l’opération.
Ultérieurement, un suivi régulier, clinique et radiographique est indispensable pour surveiller votre prothèse et dépister toute anomalie.
Risques et complications
Tout est mis en place pour que l'évolution soit favorable. Cependant il existe un risque de complications chirurgicales, rares mais possibles :
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phlébite et embolie pulmonaire : complication rare, prévenue par la prescription d’anticoagulants pour fluidifier le sang pendant un mois après l’opération ;
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aggravation d’une maladie existante : insuffisance cardiaque, diabète… Une surveillance médicale par l’équipe d’anesthésie est mise en place après l’opération pour prévenir ce type de complications ;
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infection de la prothèse (environ 1%). Dans ce cas une nouvelle opération s’avère nécessaire pour laver ou changer la prothèse, suivie d’un traitement antibiotique de longue durée ;
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hématome, il est possible que la zone opérée saigne après l’intervention et forme un hématome. En fonction de l’importance du saignement, une évacuation de l’hématome ou une transfusion peuvent être nécessaires ;
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une perte de mobilité et une raideur du genou peuvent s’installer si la rééducation postopératoire n’est pas correctement effectuée, une mobilisation du genou sous anesthésie pour libérer les adhérences peut être proposée ;
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des petites branches nerveuse sensitives qui innervent le genou peuvent être accidentellement blessées. Cette complication rare peut occasionner une diminution de la sensibilité sur certaines zones du genou.
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L’algodystrophie : phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris, elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles (raideur, douleur, sensation d’étau…).
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La lésion du nerf sciatique est une complication très rare. Elle peut survenir après un hématome, un geste chirurgical ou après une réaction à l’anesthésie locorégionale. Elle peut récupérer après plusieurs mois dans certains cas.
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L’atteinte des vaisseaux de la jambe est aussi très rare ; elle peut nécessiter un geste complémentaire ou une ré- intervention urgente pour rétablir l’irrigation de la jambe.
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Une fracture de l’une des deux extrémités osseuses, pouvant nécessiter un geste chirurgical complémentaire de consolidation osseuse.
Il s’agit là des principaux risques mais la liste n’est pas exhaustive. D’autres complications exceptionnelles peuvent avoir lieu. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté. Votre chirurgien se tient à votre disposition pour discuter chaque cas particulier.
Résultats
Dans la majorité des cas, la reprise de la marche en appui est immédiate, les douleurs s'estompent rapidement et la raideur disparait avec récupération de la mobilité du genou en quelques semaines. La récupération des amplitudes est variable, elle est fonction de plusieurs facteurs : raideur préopératoire, origine de l’usure, compétence de vos muscles et tendons, type de prothèse, procédure chirurgicale mais surtout de votre travail en postopératoire dans le cadre de votre rééducation. Le changement de prothèse permet aux termes de 6 semaines de reprendre progressivement toutes les activités quotidiennes. Les meilleurs résultats sont observés après un délai d’au moins six mois mais l’amélioration peut se poursuivre pendant les deux années postopératoires. Certaines activités comme le vélo, la natation, le golf ou la randonnée sont possibles voire conseillées. D’autres sports comme le ski, le tennis et le footing sont possibles mais à faible intensité pour maximiser la durée de vie de la prothèse.
La durée de vie de la nouvelle prothèse est d’environ 20 ans. Bien entendu beaucoup de facteurs entrent en compte tel l’âge du patient, son poids, son activité etc...